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Le terrorisme est une des « valeurs » du Quatorze juillet

Le terrorisme a encore frappé et, cette fois, en un jour hautement symbolique : le jour de la fête nationale de la république. Si, après cet horrible massacre de Nice, les hommes politiques de ce régime, de droite comme de gauche, n'ont pas compris qu'il ne sert à rien de rappeler sans cesse les "valeurs" républicaines   pour   intimider les  djihadistes, nous aurons la preuve de leur incompétence et de leur aveuglement. Foin des dissertations sur les Droits de l'Homme et la Laïcité : les nouveaux barbares ne comprennent que l'implacable répression. Et si ces discours n'ont pour but que de consoler les rescapés du terrorisme en les rendant fiers d'être du pays ayant inventé ces concepts faussement philosophiques, que nos bavards médiatiques cessent enfin d'ajouter au deuil des familles éprouvées le pire des mensonges !

D'abord, loin de toute fausse éloquence, les quatre-vingt-quatre victimes de la Promenade des Anglais ont besoin des prières de la communauté nationale. Qui donc y a songé ? Dire que ces hommes, ces femmes, ces enfants, sont morts en "héros", leur rendre hommage à longueur de lamentations, organiser des marches blanches, n'est pour leur âme d'aucune utilité : les média nous enivrent depuis le soir de 14 juillet de larmes de crocodiles, alors qu'il serait plus utile pour ces morts et même pour les survivants d'observer de grands moments de recueillement et de se demander s'il n'est pas imprudent de jeter le peuple en masse dans la rue, le soir d'un jour historique marqué par le souvenir de tant de scènes de cannibalisme, pouvant donner des idées à des assassins en puissance...

Le terrorisme a commencé en 1789

Nous savons ce que fut en 1789 le premier Quatorze Juillet où Paris se trouva livré à des agitateurs sans foi ni loi, sans attaches et sans mémoire. Chaque année à la mi-Juillet la république nous fait commémorer le souvenir des assassins de nombreux Invalides et de nombreux Suisses, qui se saisirent du marquis de Launay, gouverneur de la Bastille, le blessèrent, le massacrèrent et le jetèrent au ruisseau, tandis que le "patriote" garçon boucher Desnos, qui « s'y connaissait en viandes », dit Rivarol, lui coupa la tête. Jacques de Flesselles, prévôt des marchands, s'étant porté à la rencontre de ces sauvages ivres de meurtre, connut le même sort.

Ces barbares mirent les têtes sanglantes et les viscères de ces malheureux au bout des piques que l'on escorta jusqu'au Palais Royal : ce fut le premier défilé du Quatorze Juillet ! Et là on mit le feu, le soir, à toutes ces chairs, et on farandola autour : ce fut le premier bal du Quatorze Juillet !

Les jours suivants on continua d'égorger à tour de bras. Bertier de Sauvigny, intendant de Paris, soupçonné de vouloir affamer la capitale, fut massacré, place de l'Hôtel de Ville, devant un grand concours de peuple. Même sort pour son beau-père Foulon de Doué, intendant avisé et vieillard de soixante-quatorze ans, arrêté à Viry-Châtillon et ramené à Paris, pieds nus et un collier de chardons au cou, puis pendu à un réverbère place de Grève ; la corde ayant cassé, on le décapita, puis un soldat arracha le cœur du cadavre et le présenta sur un coussin d'œillets à Bailly, maire de Paris, et au marquis de La Fayette...

La « grande peur »

Ces scènes d'orgie meurtrière ne tardèrent pas à gagner la province où s'installa la Terreur, bien avant 1793. La hiérarchie ne disposant ni de l'indépendance ni de la faculté de protéger, et l'autorité, à quelque échelon que ce fût, n'étant plus exercée par des cadres légitimes, la Grande Peur régnait partout. La Révolution ne fut pas terroriste par suite d'un dérapage en 1792-1793 ; elle portait le terrorisme en elle dès ses débuts car elle voulait forcer la nature, violer l'ordre naturel, anéantir les communautés naturelles... On ne peut s'étonner que les jeunes terroristes d'aujourd'hui essaient de s'inscrire dans cette continuité en massacrant même, et peut-être surtout, le jour de la fête nationale de la république qu'elle engendra.

Il est aujourd'hui de bon ton de dire que le 14 juillet commémore non la prise de la Bastille, mais la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Mais celle-ci ne renia aucune des exactions commises l'année précédente : au cours d'une cérémonie ridicule où le roi Louis XVI semblait bien être le seul à croire à ce qu'il faisait, on continua d'exalter la Liberté telle que l'avaient gagnée les "vainqueurs" de la Bastille et sur laquelle on voulait aligner toute la population française, au mépris de son histoire et des données naturelles de l'épanouissement des provinces.

L'ivresse de meurtre marqua aussi la seconde "journée" révolutionnaire, celle du 6 octobre 1789, quand le roi Louis XVI et la reine Marie-Antoinette, et leurs deux enfants Marie-Thérèse - Madame Royale -, dix ans, et le dauphin Louis-Charles, quatre ans, furent ramenés de Versailles à Paris. Pierre Gaxotte donne une idée de l'horreur de ce cortège : « D'abord en guise de trophées, les têtes sanglantes des gardes ; puis une cohue de femmes, de brigands, de soldats ivres, débraillés, hurlant, tenant les propos les plus obscènes et faisant les gestes les plus immondes... ; encore des soldats en désordre qui déchargent leurs armes au hasard ». À la suite de quoi, le roi et sa famille furent pris en otage à Paris au Palais des Tuileries, par la Commune de Paris, c'est-à-dire par ce qu'il y avait derrière : les clubs, la franc-maçonnerie, les semeurs patentés de haine...

Tout cela n'était qu'un début : d'autres massacres allaient avoir lieu dans les années 1792-1793. Citons pour mémoire : les noyades de Nantes en juin 1794 où périrent en masses des prêtres et des familles entières, le massacre des Lucs-sur-Boulogne en mars 1794 où les républicains des Colonnes infernales mirent le feu à l'église, faisant mourir des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants qui s'y étaient réfugiés, l'extermination de la ville de Lyon en octobre 1793 où plus de mille cinq cents personnes furent tuées. Comment un pays qui ne cesse de s'honorer des « grands ancêtres » ayant commis ou toléré de si horribles carnages peut-il encore prétendre faire la morale aux jeunes tentés par le terrorisme ?

L’occident sans réponse

Permettez, chers lecteurs, que je vous ramène sur la Promenade des Anglais, endeuillée aujourd'hui, mais où je me souviens d'avoir assisté, les 13 et 14 décembre 1990, dans les salons de l'hôtel Westminster, à un colloque sur les religions et la guerre. Tous les participants, catholiques, juifs et musulmans, s'entendaient sur le fait que les religions du Livre sont porteuses de paix puisque la paix est un attribut de Dieu et que la sanctification des hommes est le seul moyen d'édifier un monde juste et pacifique. Mais de quelle paix parlaient-ils ? Les musulmans avaient du mal à cacher à ce sujet que le Coran contient des contradictions et qu'une doctrine de limitation de la guerre, remplaçant la force par la confrontation pacifique entre morales différentes, n'était pas encore généralement reçue dans le monde musulman. Certains affirmaient que le dji-had a pour origine le droit de Dieu « et doit aboutir à la soumission de l'humanité entière ». Le terrorisme peut donc avoir une connotation religieuse : « la logique du martyre ne conduit-elle pas à concevoir l'acte terroriste dans le cadre islamiste comme un rapport avec Dieu, l'accomplissement d'un acte de foi ? C'est la reformulation dramatique de la lutte universelle entre le bien et le mal », concluait l'un des orateurs. Quant au phénomène islamiste, j'avais compris qu'il était "complexe" mais que c'était « la revendication du croyant agressé dans son être comme dans son identité collective par l’occidentalisation de ses gouvernants et de la société ».

Je m'étais demandé, en entendant cela, quelle figure montre l'Occident face à l'émergence religieuse dans les pays islamiques et parmi les immigrés chez nous. Nos sociétés marchandes, laïcisées, apostates, avachies moralement et intellectuellement ont-elles une réponse à cette soif d'idéal ? L'islam profite du vide créé par le laïcisme ambiant car ses "certitudes" rassurent. Rien n'est plus étrange aux yeux d'un musulman pratiquant que la laïcité. Il respecte ceux qui ont une autre foi que la sienne et qui y croient fermement mais il méprise ceux qui mettent toutes les religions sur le même plan ou qui n'en ont aucune - ce qui revient au même. Et quand, en plus, il voit passer dans les rues de nos grandes villes une bacchanale comme la Gay Pride, on peut deviner qu'il n'a guère envie de s'assimiler à une société aussi fière d'exhiber son nihilisme.

Culte de l’homme et culte d’allah

Tel est, hélas, l'état de la société française après plus de deux siècles de règne des principes de la Révolution de 1789. Non seulement elle est incapable d'intégrer, mais elle diffuse par son école « laïque, gratuite et obligatoire » des verges pour se faire fouetter. J'ai écrit, il y a quelques mois, dans un raccourci quelque peu audacieux que les terroristes d'aujourd'hui étaient « les enfants de Marat et de Robespierre » ; j'aurais pu ajouter de Rousseau, car le "philosophe", dit-on, éprouvait un certaine fascination pour l'islam. Sa théorie de l'Homme libéré de tout ce qui le caractérise, n'étant sur terre que pour y chercher un moyen de survie de son égoïsme, jouissant de droits purement subjectifs puisque non reliés à des devoirs et ne puisant pas leur source dans leur conformité avec l'ordre naturel, a donné naissance à la Déclaration des Droits de l'Homme du 26 août 1789, laquelle a voulu organiser la société de façon que le citoyen, n'ayant plus d'intérêt particulier, familial, paroissial, provincial ou professionnel, à considérer, pût être "vertueux" et fondre sa volonté dans la volonté générale. On préparait ainsi le règne de "purs", de ceux qui seraient le plus déconnectés des forces vives où ils puisaient leur sève, de ceux qui se seraient le plus dépouillés des traditions pour devenir des hommes nouveaux.

En l'absence de toute référence transcendante pour juger de la vertu, donc de la pureté de tel individu, cela pouvait déboucher sur une espèce d'eugénisme, voire sur le culte du surhomme. Cette idéologie arme aujourd'hui les djihadistes, les plus purs entre les purs du terrorisme moderne, dont la philosophie se calque presque exactement sur les principes qui engendrèrent la Terreur de 1793-1794 : si chacun peut refaire le monde d'après soi, quelle chance pour les ratés, pour les envieux, pour les aigris, pour les névrosés, pour ceux qui ne surmontent pas l'épreuve d'être privés de ce à quoi ils croyaient avoir "droit", pour tous ces gens que fabrique à longueur d'année l'école sans Dieu ! Sous couvert de religion, ils peuvent alors prendre leur revanche et imposer leur loi par la violence à tous leurs contemporains ! On assiste alors à la rencontre explosive de deux principes totalitaires : celui du culte de l'Homme et celui du culte d'Allah, les deux étant sans amour, sans clergé, sans médiateur entre la créature et son créateur, sans Sauveur, et écrasant l'homme de leur toute-puissance faussement divine.

Le pire terrorisme

Il résulte de tout cela que la république dite française est bien mal armée pour lutter contre le terrorisme. Il lui faudrait tout repenser de ses prétendues "valeurs" et renouer avec sa tradition chrétienne hautement civilisatrice. Alors, la France oserait se faire respecter dans le monde, car elle aurait cessé de donner aux nations l'exemple quotidien de l'acte le plus sauvagement terroriste qui soit : l'avortement, qui massacre chaque jour, au nom de la Liberté absolue fêtée chaque Quatorze Juillet, les plus petits, les plus innocents, les plus démunis, d'entre les hommes. Ces enfants-là méritent bien autant de pitié et de larmes que ceux de Nice !

Michel Fromentoux. rivarol du 21 juillet 2016

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